L'Eglise De L'Antiquité Tardive 303-604 by Henri-Irénée Marrou

L'Eglise De L'Antiquité Tardive 303-604 by Henri-Irénée Marrou

Auteur:Henri-Irénée Marrou [Henri-Irénée Marrou]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire
Publié: 2014-09-14T22:00:00+00:00


CHAPITRE SIXIÈME

Le sort des églises extérieures

* * *

Les conséquences de ces déchirements n’ont pas été moins graves pour les églises extérieures à l’Empire romain, de l’Éthiopie au Caucase : elles aussi sont devenues, et cela dès avant la fin du Ve siècle, des « églises séparées ».

I. L’église de Perse devient nestorienne

Telle que nous l’avons laissée en 410, l’église des Syriens orientaux, recrutée essentiellement dans les provinces sémitiques de l’Empire sassanide, possédait une structure bipolaire : un centre hiérarchique à Séleucie-Ctésiphon, un foyer intellectuel dans l’école d’Édesse, en territoire romain. Tout comme Antioche, le siège d’Édesse a été disputé entre les tendances christologiques qui s’affrontaient en Syrie dans la première moitié du Ve siècle : la théologie de saint Cyrille devait y trouver tour à tour alliés ou adversaires. A Rabboulâ, fermement cyrillien, surtout dans les dernières années de son épiscopat (415-435/436) succédait le fougueux Hîbâ (ou Ibas), une des futures victimes de l’affaire des Trois Chapitres mais que déjà ses tendances hostiles avaient fait exiler par Rabboulâ alors qu’il était à la tête de l’école des Perses.

Celle-ci reste fermement attachée à la tradition « antiochienne » ou, si l’on veut, « nestorienne », sous la direction de Narsaï (437-457), mais le triomphe de plus en plus général en Syrie de la tendance opposée (même les purs chalcédoniens, on l’a vu, s’affirment de plus en plus fidèles à l’enseignement de saint Cyrille) rend sa situation finalement intenable : en 457 il franchit la frontière et va s’établir à Nisibe (cédée aux Perses depuis 363) dont il rouvre l’école. Celle d’Édesse sera finalement fermée par l’empereur Zénon en 489 : cette décision doit peut-être quelque chose à l’action de Philoxène de Mabbûg, lui-même ancien élève de l’école, dont nous avons signalé le rôle dans le développement du parti monophysite.

Définitivement réorganisée, toujours sous la direction de Narsaï, qui devait mourir presque ou plus que centenaire en 502 seulement, soutenu par l’évêque du lieu Barsaumâ, lui aussi partisan résolu de la même théologie anti-cyrillienne, l’école de Nisibe connut un grand rayonnement dans toute la chrétienté sassanide et ne contribua pas peu à y faire triompher la christologie « nestorienne », qui sera officiellement et définitivement acceptée par un synode général des églises de l’Empire perse tenu à Séleucie en 486.

Il nous faut répéter ici ce que nous disions à propos du « monophysisme » sévérien : il faut considérer le terme de « nestorien » comme une étiquette traditionnelle dont l’histoire fait usage sans prétendre garantir la valeur de son contenu. De fait, en dehors de leur refus de s’associer à la condamnation de la personne même de Nestorius, l’hérésie de ces églises perses se laisse difficilement cerner : il faut réserver aux théologiens le soin d’apprécier ce qu’il peut y avoir d’insuffisant ou de dangereux dans les formules qu’elles professent sur la distinction des deux natures dans le Verbe incarné ; qu’il nous suffise de caractériser leur position comme une stricte fidélité à l’enseignement de Théodore de Mopsueste, considéré comme le maître



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